Le Messager de la Sainte-Enfance :
Voix d’enfants et émotivité

Par Rania Iraqi et Loïka Liboiron, 2022.

Ma chère Sœur,

Pendant l’année, nos bienfaiteurs nous ont donné très souvent des sous pour qu’on s’achète des gâteries. Chaque fois, on faisait un petit sacrifice, on s’achetait moins de bonbons et on allait mettre des sous dans le globe terrestre que notre Maîtresse a mis dans la classe pour la Sainte-Enfance; puis nous étions contentes de partager avec nos frères païens qui n’ont rien eux.
Aujourd’hui, oh! comme nous sommes heureuses de vous faire parvenir la somme de $25.00.
Ma Sœur, voulez-vous demander aux petits païens que quand ils seront chrétiens de prier pour que nous soyons de bonnes filles toujours.

Des heureux apôtres

Lettre des Élèves de première et deuxième années de l’Hôpital Saint-Joseph, salle Sainte- Geneviève.

Le Messager de la Sainte-Enfance, novembre-décembre 1954, p. 13

L’œuvre de la Sainte-Enfance est fondée en 1843 par Monseigneur Charles de Forbin-Janson, évêque de Nancy. L’œuvre a pour mission principale le « rachat des enfants infidèles en Chine et dans les autres pays idolâtres » (Œuvre de la Sainte-Enfance, s. d.). L’œuvre est principalement organisée à travers les institutions d’éducation des pays catholiques et fonctionne avec les cotisations monétaires de ses membres. Ainsi, les jeunes ayant certains moyens pouvaient « racheter » une âme païenne et obtenir le privilège de lui donner un nom et même d’en être le parrain ou la marraine en titre. L’œuvre s’implante au Canada dans la deuxième moitié du 19e siècle, mais elle connait un nouvel essor dans les premières décennies du 20e siècle avec l’arrivée des Sœurs de l’Immaculée Conception, qui participent à la diffuser à travers les écoles de la province de Québec. De ce fait, l’œuvre favorise l’apparition d’une certaine conscience missionnaire chez les enfants chrétiens, et ce, en rapport avec les enfants des pays dits « idolâtres ». Les figures de « l’Autre », ici majoritairement « les Chinois », sont partie intégrante de la rhétorique missionnaire de l’époque qui utilise cette figure comme moteur afin de susciter la mobilisation sociale (Larochelle, 2021, p. 273). Les enfants canadiens catholiques sont ainsi mis en relation avec cet Autre lointain, exotique, « idolâtre », ce qui suscite une mobilisation de leur part envers l’œuvre.

Certains outils ont été utilisés afin de susciter le zèle des enfants et diffuser le discours missionnaire de l’époque. Ainsi, l’œuvre de la Sainte-Enfance mise sur des visites dans des écoles primaires pour faire valoir le projet missionnaire. Les enfants sont stimulés par du matériel didactique conçu pour alimenter le soutien envers la cause, comme la lecture des récits missionnaires en Chine.

Le Messager de la Sainte-Enfance, novembre-décembre 1946, p. 11.

Le Messager de la Sainte-Enfance fait son apparition durant la Deuxième Guerre mondiale, en 1942. En raison de la guerre, les membres de l’œuvre ne peuvent plus recevoir les Annales de la Sainte-Enfance, produites en France depuis le 19e siècle. Ainsi, un périodique est créé au Canada, afin d’y être distribué dans les nombreuses communautés catholiques. À raison de cinq numéros par année scolaire, le périodique est publié entre 1942 à 1966. Pour le bien de cette analyse, nous nous sommes concentrées sur la période de 1942 à 1956. Notre dépouillement se trouve essentiellement dans les sections « Lettre à Petite Mère », « Nos Associés à l’œuvre » et « À travers l’Est du Canada ». On y retrouve le courrier des lecteurs adressé à l’œuvre et les recensions d’activités et de collectes de fonds organisées par les membres des différents diocèses. Bien qu’il y ait des lettres écrites par des professeur.e.s, notre analyse se concentre sur la voix des enfants. De cette façon, notre attention s’est portée sur les lettres écrites par les enfants canadiens-français, majoritairement au Québec. Nous précisons ici que bien que les lettres soient signées par des élèves, notre jugement n’est pas altéré par la possibilité de relecture, de correction et de modification de la part des adultes.

Le Messager de la Sainte-Enfance, voix d’enfants et émotivité

L’histoire de l’enfance apparait comme un champ privilégié pour étudier l’histoire des émotions dans la mesure où les enfants sont considérés comme ayant des esprits façonnables qui sont ainsi soumis à une socialisation et à une éducation émotionnelle (Larochelle, 2021, p. 281). L’œuvre de la Sainte-Enfance, en ayant pour mission de favoriser l’apostolat chez les jeunes catholiques à l’égard d’autres enfants, apparait comme un terrain fertile pour faire naitre chez les jeunes un spectre d’émotions dont la compassion est une composante essentielle (Larochelle, 2021, p. 281). La compassion donne naissance à différentes émotions chez les enfants. Les jeunes intègrent en partie ce script émotionnel diffusé à travers l’œuvre et le matériel didactique comme Le Messager. Les lettres écrites par les enfants témoignent de l’intégration de ce script, mais permettent aussi de distinguer leurs voix face à ce qui leur est présenté par l’œuvre.

La lecture du Messager lui-même provoque excitation, intérêt et curiosité chez les enfants qui, à répétition, expriment à quel point la revue est appréciée et attendue. Nous nous concentrerons cependant ici sur les lettres qui témoignent de l’éventail d’émotivité que suscite le contenu du Messager, ce qui est raconté aux enfants et les prescriptions de l’œuvre.

Dans un premier temps, l’un des arguments souvent présentés aux enfants par les publications missionnaires afin de susciter leur mobilisation était la cruauté des parents chinois, l’abandon de leurs enfants et les maltraitances subies par ceux-ci (Larochelle, 2021, p. 276). La dichotomie présentée ici aux enfants catholiques, qui se voient en comparaison dans une situation privilégiée, favorise la compassion et des sentiments de pitié et de tristesse. À cet égard, plusieurs extraits de lettres témoignent de cette dynamique, dont celle du jeune Fernand qui écrit : « Que c’est triste de voir ces enfants païens mourir de faim, de soif, mangés par les animaux, etc.! » (Le Messager de la Sainte-Enfance, novembre-décembre 1943, p. 18).

Le sentiment de pitié face à l’abandon est aussi très présent; les enfants catholiques parlent de « tous ces petits délaissés qui n’ont pas autant de chance que nous, il faut leur porter secours » (Le Messager de la Sainte-Enfance, novembre-décembre,1943, p. 17). « Les enfants y sont souvent abandonnés par leurs parents qui ne peuvent pas les nourrir » (Le Messager de la Sainte-Enfance, mai-juin 1954, p. 12). Le jeune G. Proulx demande à Dieu, dans sa lettre à « Petite Mère », d’envoyer aux petits Chinois « de bonnes mamans qui les aimeront et leur apprendront à connaitre, aimer et servir Dieu, comme la mienne » (Le Messager de la Sainte-Enfance, mai-juin 1946, p. 19). Il y a donc cette idée de parentalité déficiente associée à l’idolâtrie qui est présente.

Le Messager de la Sainte-Enfance, novembre-décembre 1954. p. 16.

Le Messager de la Sainte-Enfance, novembre-décembre 1954. p. 16.

Le Messager de la Sainte-Enfance, mai-juin 1946, p. 5.

Le Messager de la Sainte-Enfance, mai-juin 1946, p. 5.

Le Messager de la Sainte-Enfance, mars-avril 1947, p. 6.

Le Messager de la Sainte-Enfance, mars-avril 1947, p. 6.

L’étude des lettres permet aussi de dénoter que l’émotivité relevée dans les lettres comporte une dynamique genrée. Les jeunes garçons et filles ne sont pas nécessairement impliqués de la même façon émotionnellement. Les jeunes filles intègrent le script de la maternité, par exemple, et ainsi certaines de leurs lettres sont empreintes des sentiments du care et expriment l’idée d’un désir de materner les jeunes orphelins qui n’ont pas de parents (Larochelle, 2021, p. 303). La jeune M. Lavallée, par exemple, témoigne de ce désir de s’occuper de la jeune orpheline dont elle est la marraine et souligne que, pour elle, « m’occuper d’elle me sera d’une vraie jouissance » (Le Messager de la Sainte-Enfance, novembre-décembre 1943, p. 9). La jeune Gisèle témoigne également de cette idée et dit : « Je m’occuperai d’elle et je tâcherai de me montrer une vraie marraine  » (Le Messager de la Sainte-Enfance, novembre-décembre 1943, p. 9); Jacqueline, neuf ans, de même : « J’aimerais avoir un petit païen avec moi, j’en prendrais bien soin, je l’amènerais à l’église et à l’école et il s’instruirait comme moi, petite chrétienne » (Le Messager de la Sainte-Enfance, mai-juin 1944, p. 16). Les jeunes filles semblent ainsi avoir intégré une partie du script émotionnel qui sera attendu de leur part en tant que jeune femme destinée à être mère, rôle qui implique amour, pitié et sympathie (Larochelle, 2021, p. 302).

Dans un autre registre d’émotions, le sentiment d’appartenance à l’œuvre, l’acte de possession, la dimension consumériste et cette idée de faire une différence stimulent aussi tout une autre gamme d’émotions chez les jeunes « apôtres » : plaisir, amour, joie et bonheur (Larochelle, 2021, p. 287). C’est cette gamme d’émotions qui est prépondérante à travers les lettres. Comme le souligne Catherine Larochelle, « l’amour que portent les enfants canadiens aux « petits Chinois » passe par la réduction de leur altérité en une idéalisation du Soi » (Larochelle, 2021, p. 309). « L’Autre » lointain à « sauver » et l’héroïsation du jeune Canadien qui en est le corollaire suscitent la fierté, la joie et le bonheur d’avoir une forme de pouvoir d’action. Beaucoup de lettres témoignent de cette dynamique, par exemple la jeune A. Côté qui écrit à « Petite Mère » qu’elle est marraine de sept Chinois et que ça lui procure « tant de joie de les élever vers le bon Dieu que je suis amplement récompensée de mes sacrifices » (Le Messager de la Sainte-Enfance, mai-juin 1946, p. 18). Celle de C. Racicot prend une tangente semblable : « Nous éprouvons du bonheur à prier, à faire des sacrifices et à donner l’aumône pour peupler le ciel de petits saints qui nous aideront à rester dans le chemin du devoir » (Le Messager de la Sainte-Enfance, mai-juin 1946, p. 19). Celle de la jeune L. Laneuville aussi : « Ce qui m’encourage le plus, c’est la hâte de voir les petits Chinois que j’ai sauvés par mes sous, mes prières et mes sacrifices » (Le Messager de la Sainte-Enfance, janvier-février 1948, p. 14). Les extraits qui dénotent une dynamique semblable sont nombreux.

La logique consumériste derrière l’œuvre, l’idée de posséder « un Chinois », provoque aussi une certaine joie chez les jeunes (Larochelle, 2021, p. 288). Plusieurs nomment combien de filleuls ils possèdent ou soulignent le montant qu’ils ont donné à l’œuvre. Certains témoignent également d’une fierté de parler au nom de la classe en tant qu’élève ayant contribué le plus monétairement. Il y aussi la logique qui force les jeunes à mentionner qu’ils espèrent donner plus que l’an dernier, donc l’idée d’une culture de la productivité et de la performance vis-à-vis l’œuvre.

Ce bref survole de certaines dynamiques du discours missionnaire en relation avec les lettres des enfants dans Le Messager permet de voir le spectre de l’émotivité qu’intègrent et ressentent les enfants. Cette gamme d’émotions susmentionnées témoigne d’une variété de facteurs influant sur les perceptions des enfants et ce qu’ils assimilent. Cela rappelle cependant que les émotions positives sont beaucoup plus présentes et signifiantes de manière qualitative et quantitative dans les écrits des jeunes enfants canadiens.

Mobilisation et intégration des prescriptions religieuses de l’œuvre de la Sainte-Enfance

Les enfants québécois du 20e siècle sont bercés par l’œuvre de la Sainte-Enfance tout au long de leur scolarité. Une réflexion émerge de l’implication des enfants : cette « mobilisation » se fait-elle de manière individuelle ou collective? L’intégration des prescriptions par les enfants est-elle motivée par un message religieux ou bien les enfants performent-ils selon une agentivité qui leur est propre?

La mobilisation se fait dans un premier temps de façon collective au sein de l’espace scolaire. Les enfants, dans les lettres adressées à « Petite Mère » dans Le Messager de la Sainte Enfance, rapportent les nombreuses activités réalisées en classe comme les journées missionnaires, les sketchs et les chansons pour promouvoir la cause. F. Bonneville, une élève de 7e année de l’école Notre-Dame-du-Sacré-Cœur écrit dans sa lettre publiée dans le numéro de septembre-octobre 1956 : « Nous avons aussi fait une fête dans notre classe […] Cette petite fête s’est terminée par un cantique : “O Jésus, Roi des Enfants, multipliez les missionnaires.” »  (Le Messager de la Sainte-Enfance, septembre-octobre 1956, p. 14.). Les enfants qui écrivent ces lettres présentent les nombreuses activités et performances en lien avec l’œuvre missionnaire. Ces activités, selon l’année et le diocèse, peuvent s’étendre sur plusieurs jours. Quelques fois émulatives, les classes performent de manière originale afin d’être référées dans la revue de l’œuvre. Dans le couvent d’Armagh dans la région de Chaudière-Appalaches, les activités faites par chaque classe sont détaillées de sorte à divulguer les activités organisées et le montant amassé. La première classe propose une traversée en bateau valant 0,50 $, la deuxième classe a amassé des fonds en vendant des cartes de « Chinois » (Le Messager de la Sainte-Enfance, janvier-février 1950, p. 6.). Bien que les écolier.e.s font ces activités en groupe, une certaine émulation transparait dans l’écriture des lettres, ce qui laisse entrevoir une individualité : « Partout on rivalise d’ardeur, on travaille avec joyeux entrain à la chère Œuvre » (Le Messager de la Sainte-Enfance, janvier-février 1946, p. 5.). L’engouement de se détacher du groupe et d’être considéré comme un bon chrétien prend le dessus.

De ce fait, plusieurs élèves se mobilisent afin d’amasser des fonds ou tout simplement de faire valoir la cause. Les enfants profitent d’actions faites en groupe pour agir individuellement en faveur de l’œuvre, comme on peut le voir dans plusieurs lettres :

Qui ne sait que la région du Lac Saint-Jean a bénéficié cette année, d’une riche et abondante récolte de bluets! Les petits de chez nous en ont su profiter pour grossir leur avoir personnel […] Leurs petits frères jaunes, rouges, bruns, noirs, de l’Afrique, de la Chine, de l’Océanie, des Indes, du Japon, auront certes leur part de ce bénéfice.

Le Messager de la Sainte-Enfance, janvier-février 1946, p. 57

Les écolier.e.s imaginent des façons originales pour accumuler des fonds dans leur environnement. L’œuvre ne se limite plus au cadre scolaire, mais s’étend grâce à l’engagement des jeunes.

On l’aura compris, les enfants sont des agents bénéfiques pour l’œuvre, puisque celle-ci est créée exclusivement pour eux.  Ils intègrent et perpétuent le discours religieux derrière la Sainte-Enfance. Les journées missionnaires et les performances, comme les sketchs, ne sont pas anodines. Dans le livre Childhood by Design : Toys and the Material Culture of Childhood, 1700-Present, Megan Brandow-Faller explore comment les jeux et les jouets ne sont pas que les instruments politiques et idéologiques d’un endoctrinement (Brandow-Faller, 2018, p. 18). Ainsi, les enfants s’approprient et perpétuent le zèle religieux des récits missionnaires. On le voit dans les exemples plus hauts, qui sont tout sauf des exceptions. Le discours missionnaire du « sauveur » et celui de la « victime » se propagent. L’éditeur.trice du Messager répond au courrier de J. Préville, qui voulait un « petit païen » à elle pour en prendre soin, en lui précisant qu’il est impossible d’adopter ou d’accueillir un tel enfant chez soi. Toutefois, on peut constater que la motivation des adultes (les missionnaires) de se déplacer et d’aider les enfants d’ailleurs est assimilée par les enfants canadiens-français.

Cette motivation exprime l’agentivité que les enfants ont pu avoir dans la cause. Il y a, dans un premier temps, la vocation et la formation chrétienne et morale que revêt la Sainte-Enfance et forcément la revue du Messager. En effet, depuis le 19e siècle, « les acteurs du milieu pédagogique sont convaincus que la charité missionnaire a un pouvoir régulateur important sur l’enfance (Larochelle, 2021, p. 291) ». Les enfants se prêtent au rôle du sauveur chrétien envers les enfants « d’ailleurs ». Les représentations de l’enfant « païen » à sauver impliquent aussi une dichotomie raciale et racisée, présente en soubassement du message missionnaire. L’enfant chrétien modèle doit sauver l’enfant infidèle (païen) pour remplir sa « mission » chrétienne. Plusieurs enfants canadiens-français vont jusqu’à se déguiser d’une certaine façon, selon les représentations exotiques des autres enfants. Ainsi, en 1943, une jeune fille se déguise en Africaine noire lors d’un spectacle bénéfice : « Dans sa récitation, la petite négrillonne nous raconte dans un langage tout vibrant d’émotion, comment elle avait pu, grâce à la générosité d’une missionnaire, quitter ses palmiers et se rendre dans notre beau pays » (Le Messager de la Sainte-Enfance, mars-avril 1943, p. 4). L’autre enfant lointain correspond aux récits missionnaires transmis par l’œuvre de la Sainte-Enfance : il est en détresse, puis réconforté à l’idée d’être « sauvé » par la conversion religieuse. La récupération récréative des enfants des discours religieux missionnaires reflète l’intégration des prescriptions de la Sainte-Enfance.

Dans un deuxième temps, l’aspect ludique de l’œuvre favorise une intégration du discours par la performativité des jeunes enfants. Les jeunes canadien.nes français.e.s. sont encouragé.e.s à amasser plus de fonds ou entreprendre plus d’actions pour l’œuvre. Les réponses de « Petite Mère » dans le périodique réfèrent à cette émulation. Comme le démontre la réponse adressée à L. Germain dans le numéro de septembre-octobre 1943, « Liliane, avez-vous atteint la somme de $5.00 l’an dernier : que ce serait beau si vous aviez $10.00 cette année! » (Le Messager de la Sainte-Enfance, septembre-octobre 1943, p. 16). Les jeunes enfants sont amenés à performer toujours plus. Ils y trouvent leur agentivité et leur voix, du moins c’est ce qu’on peut supposer, car leurs lettres témoignent d’un engouement personnel pour la cause. Les écolier.e.s prennent plaisir à créer, se déguiser ou inventer des moyens pour récolter des fonds. Les enfants, à leur façon, deviennent des missionnaires canadien.ne.s-français.e.s sans jamais quitter leur ville, ni même leur quartier.

Conclusion

Pour conclure, l’analyse du courrier des lecteurs du périodique Le Messager de la Sainte-Enfance permet de trouver la voix et l’expérience des enfants dans ce cadre qu’est l’œuvre de la Sainte-Enfance et comment les enfants s’appropriaient et expérimentaient les prescriptions, les valeurs de cette œuvre. C’est en s’intéressant à l’émotivité et à la mobilisation active dans les traces écrites laissées par les jeunes qu’il a été possible de faire ressortir des tendances qu’exprimaient ces voix et ces expériences. Cette expérience vécue par tant d’enfants québécois aura définitivement modelé la perception et l’accueil de « l’Autre » durant le 20e siècle.